PréTalk hypnose & arrêt du tabac

Introduction

Beaucoup de personne sont curieuses, avant une séance d’hypnose pour l’arrêt du tabac, de savoir comment ça va se passer. Chaque séance se déroule en deux moments. Le pretalk et la partie hypnose. L’hypnose est souvent ce qui fascine, ce qui suscite et attise la curiosité. 
J’aimerais vous faire découvrir pour commencer toute une partie de mon travail consacrée au pretalk. Le pré talk, ce sont en quelques sortes toutes les mailles qui composent un pull, tous les liens qui lui donnent forme et lui permettent d’exister et de nous tenir chaud.

Vous avez envie d’arrêter de fumer, c’est quelque chose d’important pour vous, souvent un nouveau départ.

Lorsque vous entrez dans mon cabinet à Paris pour arrêter de fumer grâce à l’hypnose, vous me payez pour que ça marche. Ce que vous ne savez pas, c’est que tout ce qui va participer à la douceur de cette libération, c’est au cours du pretalk que nous l’installons.

 

Parfois, lorsque l’on discute avec des gens dans la vie de tous les jours, nous avons des difficultés de communication. On se sent incompris ou au contraire, ce sont les autres que l’on ne comprend pas. Lors d’une séance d’hypnose au contraire, tout doit n’être que douceur. C’est se connecter avec son propre amour que d’entrer ainsi en contact avec son inconscient pour se libérer de la cigarette. Pendant le pretalk, je cherche à m’imprégner de vous, à me mettre dans la même énergie afin de mieux vous comprendre et pouvoir m’effacer complètement au cours de la séance. Je cherche en observant les mouvements de vos yeux à m’adapter totalement à qui vous êtes. La plupart du temps, c’est un moment magique pour les personnes qui viennent me voir.

Je déplore cependant que parfois, par défaut de culture hypnotique, certaines personnes se braquent, ce qui m’oblige à devenir plus directif. On pourrait y voir une certaine « dureté » dans mon attitude, mais il ne s’agit pas du tout de cela. Le pré talk ressemble un peu à une danse où il faut se laisser aller. Il y a un meneur et l’autre entre dans le mouvement. C’est une attitude d’ouverture au changement. Pour que la séance soit efficace, je dois prendre ma place dans cette danse et guider le consultant. Je le fais avec mon cœur, je le fais avec ma personnalité, mais je le fais surtout en ayant la certitude que c’est la meilleure attitude pour que vous profitiez vraiment des bienfaits de votre séance pour vous libérer du tabac. Souvent, lorsque j’ai été obligé de durcir le ton lors du pretalk, la séance qui suit n’en paraît que plus délicieusement douce par contraste. Je travaille avec votre langage, mais aussi en modulant le son de ma voix, en respirant au même rythme que vous. Je suis heureux de pouvoir estimer ma méthode pour arrêter de fumer mature après avoir aidé plus de trois mille personnes à se libérer du tabac.

Beaucoup de personnes sont curieuses de comprendre comment je travaille et me posent des questions. Mais le cabinet n’est pas le lieu pour comprendre. C’est pourquoi je vais chercher à vous l’expliquer ici comme je le peux, en vous parlant des maîtres qui m’ont inspirés.

Quelque part l’hypnose est un voyage. Et pour le vivre de la manière la plus agréable, il vous faudra suivre les consignes du guide. J’explique en détail ça dans les parties suivantes.

Notion générales sur l’hypnose

Hypnotiser est la chose la plus facile du monde : Je n’ai qu’à me placer moi-même en hypnose et à vous parler pour que vous me suiviez naturellement dans cet état, sans même vous en apercevoir. Mais c’est aussi la chose la plus compliquée du monde : pour devenir hypnotiseur, il faut recevoir un enseignement essentiellement oral, où l’on est plongé pendant des heures entières dans cet état, où notre corps et notre esprit se modifient afin de percevoir des signaux normalement imperceptibles, une trame de fond invisible au profane et qui pourtant détermine pour l’essentiel de la réussite d’une séance.

L’hypnose est à la fois un savoir, un savoir-faire et un savoir être. Je connais certains hypnotiseurs qui gardent jalousement leurs secrets, comme si le mystère était la clef du succès. Je crois pour ma part qu’informer les gens fait partie de mon travail : je rencontre encore beaucoup trop de personne qui comprennent mal la nature de ce que je fais et qui viennent avec des idées préconçues. Ainsi, au lieu de suivre précisément mes instructions, ils cherchent parfois à m’expliquer ce que je devrais selon eux faire pour les soulager. Or, s’ils savaient quoi faire, précisément, eh bien ils n’auraient pas eu besoin de venir me voir !
Ainsi, en vous délivrant une partie de ce savoir, je souhaite que vous ayez toutes les cartes en main afin d’aborder votre séance dans le meilleur état d’esprit possible. Tout ce que je fais au cours d’une séance est stratégique, je calque mon attitude en réponse à vos réactions, je dois constamment m’adapter par rapport à la place où vous me mettez avant de pouvoir passer au travail hypnothérapeutique à proprement parler. Ainsi, avec certaines personnes je serais très empathique tandis qu’avec d’autres, je me montrerais plus sec. Ce n’est pas pour vous embêter ou parce que votre tête ne me revient pas : à partir du moment où vous choisissez de venir me voir, mon seul souci est de vous faire atteindre vos objectifs, dussiez-vous pour cela me détester uniquement dans la partie pretalk. Si le sujet prend la place du savoir en m’expliquant ce que je dois faire, ceci m’empêche en tant qu’hypnotiseur de travailler, je dois donc récupérer cette place, quitte à monter de ton. Je me sens parfois un peu comme Aimé Jacquet dans ces moments-là : je dois accepter de me faire détester… jusqu’à la victoire !
Le travail hypnothérapeutique se déroule en deux parties : le pretalk, qui se compose de tous nos échanges dès votre premier appel téléphonique jusqu’à ce que l’hypnose commence formellement. Lorsque j’estime que toutes les conditions sont remplies, je passe ensuite à l’induction, c’est à dire le processus par lequel vous allez entrer en état d’hypnose.
=> Cliquez pour en savoir plus sur Qu’est ce que l’hypnose

Présentation générale du pretalk

Il se passe deux choses essentielles pendant le pretalk. Premièrement, par une analyse approfondie de votre discours, je peux m’imprégner de votre univers et déterminer des structures de pensée qui seront utiles au cours de la séance proprement dite, notamment votre niveau de connaissance, vos modes de formulation, ou votre culture. Tout cela me permet de mieux communiquer avec votre inconscient.

Lorsque vous me téléphonerez pour prendre rendez-vous, je vais commencer par vous donner des instructions spécifiques. Venir à telle heure précisément, préparer un chèque ou toute autre instruction que je jugerais nécessaires. Les consignes sont présentes dans toutes les formes d’hypnose et jouent un rôle prépondérant dans la réussite de la cure.

Parfois les gens ne comprennent pas pourquoi je leur demande de fermer les yeux, de se lever ou autre. J’ai besoin d’avoir le « lead » (mot anglais intraduisible que l’on pourrait traduire par prendre l’ascendant dans le rapport) pour que votre inconscient m’autorise à libérer sa puissance afin de vous aider. Ça se passe souvent avec sourire et bonne humeur même si parfois vous pouvez être amenés à éprouver des émotions fortes. Je ne vous demanderais jamais rien qui soit au-dessus de vos capacités ou qui puisse être dégradant d’une quelconque façon que ce soit. Tout ce que je cherche à faire, c’est m’assurer de votre coopération efficace au processus.

Au cours de ce pré talk, mon souci essentiel est de créer un lien particulier. Je cherche à vous emmener dans un état où vous vous laisser-aller… Mon formateur à Émergence, Claude Virot, disait que l’hypnose était pareille à un orgasme. Qu’il fallait partir du même état de lâcher-prise avec soi-même pour parvenir dans l’un ou l’autre des états. Une fois que le lien est établi, je peux passer à l’étape suivante.

Séance pour l’arrêt du tabac 

J’ai été confronté récemment à un cas très intéressant. Un homme m’appelle pour une addiction au tabac. Je lui donne certaines consignes, notamment de m’appeler une semaine avant le rendez-vous, de sonner à l’heure pile etc. Le jour J, l’individu arrive précisément à l’heure indiquée et s’assoit au moment où je le lui demande. Lorsque je cherche à en savoir davantage sur ses motivations, ce dernier m’annonce que c’est sa femme qui lui a demandé de prendre rendez-vous ; lui-même déclare ne pas se sentir débordant d’enthousiasme à l’idée d’arrêter le tabac.
Pour moi, ce qui est important, ce n’est pas que quelqu’un se déclare motivé verbalement lorsqu’il est face à moi en cabinet. Ce qui est important, ce n’est ni la confiance, ni la « motivation » mais les actes. Cet homme avait montré par ses actes, c’est-à-dire par le respect strict et immédiat des consignes que je lui donnais, qu’il me reconnaissait la légitimité et la compétence pour le soulager de son problème. Ce qui est important, c’est le non verbal. Il est tout à fait normal par ailleurs que certaines résistances psychologiques puissent se manifester au cours du processus d’arrêt du tabac.
Comme plus de trois mille personnes avant lui, cet homme parvint à arrêter de fumer en une seule séance.

Le transfert négatif

Pour que la cure hypnothérapeutique fonctionne, je me dois d’être en « position basse » pendant dans l’hypnose formelle, c’est à dire que je ne dois surtout pas me mettre en avant au détriment de vous. Certains hypnotiseurs confondent la position basse avec l’empathie et cherchent à tout prix à se faire apprécier du consultant avant de démarrer le travail. Or, la position basse est utile en séance, mais pas forcément pendant le pretalk.
Je crois pour ma part qu’en hypnothérapie, il est normal que le consultant nourrisse une vision suspicieuse du thérapeute, c’est à dire qu’il se méfie de moi. Ce phénomène de suspicion a été étudié par Freud qui le qualifiait de « transfert négatif ». Il est toujours présent entre le consultant et l’hypnothérapeute. Après tout, vous venez me voir pour que je manipule votre esprit et vous ne savez pas comment je vais m’y prendre, il est normal que vous ne soyez pas à 100% confiant. Il est d’ailleurs normal que vous ne sachiez pas comment je vais m’y prendre puisque votre inconscient a besoin d’être surpris pour que l’hypnothérapie fonctionne.
Je demande toujours à mes consultants de ne pas se détendre. Et si ils semblent effrayés par la séance je leur rétorque que c’est normal d’avoir peur.
Certaines personnes veulent tout savoir avant la séance pour être rassuré, lorsque vous allez chez votre marchands de fruits, vous n’avez pas envie qu’il vous mâche la pomme avant de vous la donner, non ? C’est à vous de croquer et c’est à vous de découvrir par vous-même quel est le goût de ce que vous achetez. Cette analogie a été donnée par Erickson a de nombreux patients.
Donc ici je ne vais pas tout dire, mais beaucoup de choses.

François Roustang

Comme mon site est bien référencé, il y a de nombreuses personnes qui viennent me voir, que je qualifierais de « Troll d’internet ». Dès qu’ils entrent dans mon cabinet, je sais qu’ils vont mettre un mauvais avis. Quoi que je fasse, que je dise. La plupart des commentaires négatifs m’ont été laissés par des personnes qui ne sont même pas venues, s’offusquant par téléphone du ton que je prenais avec elles. Lorsque ces gens viennent, au moment même où ils entrent dans mon cabinet, je sais tout de suite que ça ne fonctionnera pas avec eux. Par exemple, j’ai reçu une dame qui refusait de s’asseoir et qui tenait à tout prix à m’expliquer qu’elle était « quelqu’un de très conciliant » et qu’elle faisait tout ce qu’on lui demandait. Or, je lui demandais justement de s’asseoir et elle, elle dissertait.

De la même manière, une autre personne entre un jour dans mon cabinet en se réjouissant car mon cabinet avait l’air sérieux. Je lui demande de s’asseoir et elle m’explique alors que le précédent hypnothérapeute qu’elle était allée consulter possédait une plaque d’entrée qui ne faisait pas sérieux. La dame de m’expliquer « tout de suite, j’ai compris en voyant la plaque que ce n’était pas un bon thérapeute, que je me faisais avoir, mais j’y suis allé quand même ! » Avec ce genre de pensées, mon collègue était bien en peine de réussir sa séance, quelle que soit sa compétence. Si le patient nous reproche de ne pas être médecin, que voulez-vous que je réponde à cela ? Et que viennent-ils faire dans mon cabinet ? C’est leur problème.
Lorsque je suis confronté à de pareils cas, deux choix s’offrent à moi. Je peux soit sourire, me radoucir et materner le consultant pendant qu’il me raconte ses problèmes. Mais je considère qu’agir ainsi serait hypocrite, car je sais alors que la séance d’hypnose formelle qui suivrait ne serait pas efficace. Pour le dire un peu crûment : On n’est pas là pour pleurer ensemble que la vie est dure !
Ou alors je peux chercher à restaurer un cadre de travail sain en retrouvant ma place de sujet sachant ; en retrouvant le lead. Comme je suis un thérapeute anti-relaxation, je procède de manière dynamique.
Lorsque j’étais étudiant, je me rendais souvent à Paris pour écouter les conférences de François Roustang. François Roustang était un homme admirable. Prêtre jésuite dans sa jeunesse, il devint ensuite psychanalyste lacanien avant de se former à l’hypnose et d’en devenir une figure de proue. Philosophe, il s’est intéressé toute sa carrière à la vie spirituelle et psychologique et toujours il l’a fait en première ligne, c’était un esprit guerrier.
J’ai récemment trouvé plusieurs vidéos passionnantes de lui sur YouTube. 
=> Cette vidéo est intéressante à plusieurs niveaux de lecture.
Premièrement, on voit bien la place que prend l’hypnothérapeute de sujet sachant. François Roustang se place si bien du côté du savoir qu’il se permet d’expliquer longuement à son patient comment s’asseoir. Mais il pourrait lui expliquer n’importe quoi d’autre tant son attitude est juste. Il est inébranlable, solide comme un roc, une véritable force tranquille. Grâce à une telle attitude, l’inconscient du consultant comprend qu’il y a du répondant en face et qu’il peut compter sur le thérapeute. On retrouve une telle assise chez le psychiatre américain Milton Erickson par exemple.
 
Cette vidéo illustre à merveille également, le cas des patients qui cherchent à se placer du côté du savoir. François Roustang y évoque le cas d’une dame qui vient le voir et qui au bout de quelques minutes lui déclare avant de s’en aller : « On m’a dit que j’allais voir quelqu’un de cultivé et puis vous me dites des imbécilités. » Cette dame qui n’y connaît visiblement rien à l’hypnose ne laisse même pas le bénéfice du doute à son thérapeute, pourtant philosophe et praticien reconnu, ayant écrit de nombreux livres très pointus sur les différents sujets qui l’ont occupé tout au long de sa vie. C’est bien la preuve qu’il prenait la bonne place. 
 
En plus de la posture de François Roustang, sa présentation du rapport hypnotique est tout à fait lumineuse :
« Si on évite de parler et de penser, c’est le corps qui va se mettre à penser. Penser comment ? Mais c’est en fonction du contexte qu’il va se mettre à penser. Et alors, c’est peu à peu la vie qui change. Quand on a affaire à des gens qui entendent ça du premier coup, (…) qui se laissent aller pour devenir un point dans l’histoire de l’humanité, dans l’histoire du monde, un point qui prend sa place et qui se laisse déplacer et qui entre dans le mouvement, qui entre dans le courant… Qu’est-ce que vous voulez de plus ? » François Roustang
Lorsque je demande à quelqu’un de s’asseoir et qu’il agit tout autrement, je sais que cette personne n’est pas avec moi, dans le moment présent. Ceux que j’appelle « trolls d’internet » ne sont pas mal intentionnés dans le fond, ils se placent juste du côté du savoir. Ils veulent comprendre. Leur mental crée un abîme infranchissable entre eux et le changement espéré. Mais le cabinet n’est pas le lieu pour comprendre… Je me réjouis donc de pouvoir expliquer le sens de ma pratique et citer les grands noms qui m’ont inspirés. Ce qu’il y a à comprendre, c’est ce qu’explique François Roustang : « Il suffit de s’asseoir convenablement pour être guéris. »

Bénéfice secondaires d’une addiction et écologie du consultant

Dans l’approche ericksonienne, que je pratique dans toutes mes séances d’arrêt du tabac, à Paris, on peut se poser la question de savoir s’il faut faire des pieds et des mains pour contourner les résistances d’un patient. Je ne crois pas pour ma part qu’il faille s’acharner sur un symptôme. Je ne vois les personnes qu’une seule fois, s’il n’y a pas d’amélioration, je refuse les rendez-vous suivants. Tout le monde ne doit pas être réparé. Il faut que la personne garde le choix
Parfois, certaines personnes tirent des bénéfices secondaires de leurs problèmes. Ainsi un homme, ancien alcoolique, ancien toxicomane, dans un état psychologique assez instable, est venu me consulter pour une séance d’hypnose pour l’arrêt du tabac. Dans ce cas-là, je marche toujours sur des œufs, craignant que les cigarettes de ce monsieur soient une béquille qui l’empêche de tomber dans d’anciennes addictions. Au cours du pretalk, qui dura trois quart d’heures, j’ai accepté de faire la séance, ses arguments étaient suffisamment convaincants. Je me montrais donc extrêmement prudent au cours de la séance afin de maintenir l’équilibre psychologique du consultant. À la fin de la séance, l’homme ressentit une énorme douleur dans l’estomac qui le poussait à fumer. Déçu que la séance ait échoué, il m’appela le lendemain très mécontent pour me dire que ce n’était pas normal d’avoir payé cette somme pour trente minutes d’hypnose.
La partie la plus importante de la séance est dans le pretalk, qui a duré quarante-cinq minutes, pour lui cette partie n’a pas existé. Malgré tout, d’un certain point de vue cette séance est malgré tout une réussite. Je m’explique : il est fondamental qu’une personne puisse fumer si son équilibre le demande. Cet homme a tout à fait le droit d’être mécontent, mais c’est un exemple parmi d’autres d’avis négatif sur internet. Lorsqu’on lit des avis négatifs, il est difficile d’apprécier le contexte où ils ont été rédigés, je souhaite apporter ainsi la nuance que procure la connaissance, dans votre jugement, en vous permettant de découvrir les praticiens et philosophes qui m’inspirent.

« Allez-y sautez maintenant »

Dans cette autre vidéo, le philosophe et hypnothérapeute parisien François Roustang exprime tout à fait justement la raison pour laquelle il m’est impossible d’aider certaines personnes si elles n’adoptent pas les dispositions mentales adéquates : « Quand quelqu’un a exprimé sa souffrance pendant un certain temps, il est absolument nécessaire d’arrêter ce récit et de se demander comment on peut changer. Quand on est suffisamment attentif aux personnes et qu’on a vraiment entendu cette souffrance, on peut très bien leur dire “Stop maintenant !“ Ça m’arrive de voir des gens qui recommencent leur récit, même après que je leur ai dit “Mais arrêtons maintenant. Comment sortir de vos difficultés ?“ Qui recommencent leur récit, une fois, deux fois, trois fois. Je leur dis “Mais moi je ne peux rien pour vous !“ Parce qu’ils ont absolument besoin de rester dans cette perspective de raconter leurs malheurs. »

C’est en revoyant les vidéos de cet homme dont la pensée a nourri ma jeunesse que je me rends compte à quel point il m’a influencé. 
 
Dans cette autre extrait, il explique « Ayant la certitude que les gens peuvent se sentir eux-mêmes, je vais beaucoup plus vite à leur dire “Allez-y, sautez maintenant !“ Et je crois que, pour la plupart des gens, c’est ça qui est efficace. » 
L’hypnothérapeute François Roustang avait été comme moi psychanalyste lacanien avant de devenir praticien en hypnose à Paris. Je crois que c’est la connaissance intime de la structure de l’Inconscient que nous avons acquise au cours de la pratique psychanalytique qui nous permet d’avoir cette conviction, cette certitude que l’autre est prêt à franchir le pas pour se lancer dans l’inconnu. Si je ne materne pas les gens qui viennent me voir pour arrêter de fumer, c’est parce que j’ai foi en eux. C’est parce que j’ai la certitude que vous êtes prêt pour autre chose, quelque chose de mieux.
L’hypnothérapeute parisien François Roustang s’est parfois montré très critique à l’égard de la psychanalyse et c’est peut-être là le point fondamental où je me détache de ce maître. Quoi que je ne l’utilise plus en cabinet, la psychanalyse n’est pas quelque chose que je rejette. Au contraire ! Ce sont les compétences que j’ai acquise au cours de mes deux décennies de pratique qui me permettent aujourd’hui de mieux me synchroniser ou d’analyser avec plus de profondeur et d’efficacité la structure de votre langage.
Pour moi, il n’est pas pertinent de chercher à opposer ou départager l’hypnose de la psychanalyse car ce sont deux pratiques complémentaires, utilisant certains outils communs pour des buts différents.
Pour faire arrêter de fumer, j’utilise l’hypnose ericksonienne et les transes profondes. Certaines personnes connaissant mal Erickson et s’imaginent qu’il était très doux et conciliant avec ses patients. J’aimerais vous partager à ce sujet un pretalk d’Erickson, que Jay Haley analyse dans « Un thérapeute hors du commun ».
Un jour un homme dépenaillé et sale entre sans y avoir été invité dans le cabinet d’Erickson pour y jeter une liasse de billets froissés sur la table. Puis l’homme lui raconte ses malheurs, expliquant qu’il n’est pas bien dégourdi mais pas un sale type non plus. Il lui exprime sa souffrance, l’homme travaille dur, il raconte les souffrances de son esprit, dit ne penser à rien, il pleure, il a mal partout, il ne ressent plus rien, pas même la faim. Il voudrait se tuer parfois, il est terrifié à l’idée de perdre la boule.
Erickson, demeurant stoïque, lui demande alors « Et qu’est-ce que vous voulez que je fasse pour vous ? »
L’homme de poursuivre alors en pleurant de plus belle, déclarant au milieu d’une avalanche de larmes qu’il désire juste être heureux, qu’il travaillera dur pour le payer afin qu’il l’aide et qu’il a besoin d’être rafistolé pour pas perdre la boule. Plutôt que de chercher à le consoler, ce qui serait une réaction humaine spontanée, mais pas la réaction calibrée, adaptée, d’un thérapeute, Erickson choisit de ne pas réagir. Car il sentait que l’individu n’était pas prêt à prendre sa place dans la relation hypnothérapeutique. Erickson en profite pour se synchroniser, il analyse son langage et cherche à se tenir prêt pour le moment où il percevra une opportunité pour remettre son éventuel patient sur les rails. Après un moment de silence, le malheureux retourna donc à la porte pour partir, absolument désespéré. Le psychiatre choisit ce moment pour lui dire, réemployant son propre langage « Eh ! Écoutez-moi. Vous n’êtes qu’un pauvre crétin. Vous en connaissez un bout côté travail et vous avez besoin d’aide. Vous n’y connaissez rien pour soigner les gens, mais ça c’est mon rayon. Asseyez-vous sur cette chaise et laissez-moi faire mon boulot. »
Pour travailler, l’hypnothérapeute doit avoir le lead et c’est précisément ce qu’Erickson était en train de prendre à ce moment-là. Après que l’homme eu obéit à son injonction de s’asseoir, Erickson poursuivit : « Maintenant que vous êtes assis, écoutez-moi bien. Je vais vous poser des questions. Vous allez me répondre, et bon sang, n’en dites ni plus ni moins que ce que je veux savoir. Faites ça, et rien d’autre. »
Une grande partie du travail d’Erickson procédait par « prescription de tâche » appelée également « thérapie ordalique ». L’hypnotiseur demandait des choses souvent farfelues à ses patients et s’ils ne s’exécutaient pas il arrêtait leur thérapie. Il cherchait ainsi, outre stimuler la détermination de ses patients en les éprouvant, à assurer sa position d’autorité sur leurs symptômes afin de les en soulager. Également, ces tâches pouvaient avoir une portée symbolique qui parlait à leur inconscient tout en échappant à la compréhension du conscient.
Erickson et Roustang étaient des maîtres de l’hypnose, qui pouvaient se montrer très durs dans leur attitude à l’égard de leurs patients. Jamais je ne me permettrais de demander à quelqu’un de courir un footing avant d’aller dormir comme pouvait le faire Erickson. C’était une autre époque, c’était un autre temps. Et puis je ne dispose pas de l’aura de ces figures emblématiques. Modestement, à mon niveau, je cherche à honorer leur héritage.

La communication à deux niveaux 

Le pretalk est un sujet passionnant car il permet d’aborder les questions de communication sous un angle très moderne et très concret. L’un des apports d’Erickson à l’hypnose a été l’utilisation de la communication à deux niveaux. Au début du XXe siècle, pour pratiquer l’hypnose, on donnait des instructions claires et directes à la personne, d’une voix autoritaire. Erickson s’était aperçu que ses gestes pouvaient dire quelque chose et sa voix quelque chose d’autre. Que le ton de sa voix transmettait un message différent du contenu du message lui-même.
Ainsi, en développant certaines qualités, il est peu à peu parvenu à développer une forme d’hypnose conversationnelle, basée sur la communication à deux niveaux. Peu à peu, l’hypnose ericksonienne, qui utilise des suggestions indirectes, s’est imposée face à l’hypnose classique, qui utilise des suggestions directes. Utiliser l’hypnose classique avec des suggestions directes pour l’arrêt du tabac n’amène que de faibles résultats qui ne tiennent pas sur la durée. L’hypnose ericksonienne ne se résume pas à la suggestion.
Par exemple, pour parler à la personne, Erickson regardait l’un de ses yeux. Et pour parler à l’inconscient de cette personne, le psychiatre regardait un point imaginaire loin derrière l’arcane de son nez. Cela créait un changement imperceptible dans son attitude et le son de sa voix qui suscitait et nourrissait la dissociation de son patient. J’utilise également en permanence durant le pretalk de tels outils, qui ne fonctionnent qu’à conditions d’avoir le lead. Avoir le lead dans une séance me permet de prendre le lead à un autre niveau. À travers diverses techniques de synchronisation, j’amène petit à petit votre respiration et vos rythmes corporels à se calquer sur les miens. 

La synchronisation

La synchronisation est une technique subtile mais puissante. Elle consiste à m’adapter à vos rythmes biologiques pour ensuite, lorsque le lead est établi, les amener à se modifier pour accompagner la transe hypnotique et la rendre beaucoup plus efficace car plus complète. 
Richard Bandler, l’un des deux fondateurs de la PNL, raconte une anecdote amusante à ce sujet dans « Un cerveau pour changer ». Il devait rencontrer quelqu’un dans un asile mais cette personne était retardée pour cause de réunion. Ayant un moment à occuper, Bandler avisa un malade qui était assis immobile face à un mur. Les infirmiers lui expliquèrent que l’homme restait ainsi figé sans jamais parler à personne et sans qu’aucun traitement n’y change quoi que ce soit. Bandler décida donc de s’asseoir à côté de la statue humaine – qui l’ignora cordialement, restant impassiblement figé. Dans la philosophie de Richard Bandler, pour sortir d’un problème, il faut d’abord comprendre comment il fonctionne. Il s’évertua donc à imiter la posture de l’homme. Il adopta la même respiration, le même regard vide, fixa le même mur. Peu à peu, leurs rythmes biologiques entrèrent en synchronisation. Bandler continua de fixer le mur jusqu’au moment où il sentit qu’il avait le lead et se leva en pestant bruyamment, ce qui fit sursauter l’homme, qui pesta lui aussi avant de retourner dans sa chambre, enfin sorti de sa torpeur.
Le principe de la synchronisation repose entre autre sur les neurones miroirs, dont la découverte est toute récente. Ce sont les neurones miroirs qui nous donnent envie de bailler lorsque quelqu’un baille en notre présence. Ils participent à l’apprentissage et jouent un rôle dans notre empathie. Ils permettent au thérapeute expérimenté de guider les états de transe avec sa voix, mais aussi grâce à la synchronisation, par l’action de son inconscient. Quand je baille, vous baillez, c’est précisément là que je suis un expert.
Qu’est-ce qu’il se passe concrètement lors de la phase de pretalk ?
• Je suis physiquement en face de vous.
• Je dois me synchroniser sur vous.
• Je suis en hypnose et je vous parle.
Pour moi, la séance a déjà commencée mais pour vous, je n’ai fait que vous inviter à vous asseoir. Pour l’arrêt du tabac, souvent les gens ne voient pas le temps passer lors du pretalk. L’hypnose n’a pas encore commencée mais ils sont déjà en hypnose. C’est cela le pre talk : de l’hypnose conversationnelle.
Dans cet état, je me synchronise à vous. Votre attitude, votre non verbal, vos mouvement oculaires. Je cherche le lead.
Le pré talk est également une préparation à la séance, j’insère des suggestions, des métaphores, des traitements post-hypnotiques. C’est la partie la plus compliquée de la séance, mais c’est aussi la plus importante. C’est pour cette raison que je ne vois pas bien l’utilité de vidéos pour arrêter de fumer : s’il n’y a pas eu une phase préliminaire de pré talk où le thérapeute a noté vos propres mots afin de les réutiliser, s’il n’a pas établi une relation de travail efficace avec vous, ça ne peut pas fonctionner aussi bien. Ainsi, il est convenu d’estimer que les taux de réussite de l’hypnose pour l’arrêt du tabac sont de 30%. En réalité, dans mon cabinet elles dépassent les 90%. Mais pour cela, lorsque je sens que la personne n’est pas dans le bon état d’esprit et que ça ne fonctionnera pas, après avoir haussé le ton je suis parfois obligé d’annuler la séance. Bien entendu, dans ce cas le consultant ne paye pas…
Pour moi, c’est le manque de culture hypnotique qui empêche les gens de profiter d’une séance. Si vous entrez dans le cabinet en vous disant « faut que je comprenne », vous n’avez pas compris ! Chers trolls d’internet, maintenant que vous savez l’estime que j’ai pour l’hypnothérapeute parisien François Roustang, pour les conférences auxquelles je me déplaçais souvent à Paris dans ma jeunesse, vous pourrez désormais venir je l’espère à mon cabinet parisien sous de meilleurs hospices. Ayant compris ce qu’il y avait à comprendre, vous saurez désormais adopter l’attitude juste pour profiter le plus sereinement des bienfaits de votre cure hypnothérapeutique. On vient et on fait une séance d’hypnose, c’est un acte. On n’essaie rien, on fait.
Le pretalk est fondamental dans toutes les formes d’hypnose. Je me suis intéressé à l’hypnose de rue et ait suivi le premier Week-end Street Hypnose en 2013. Les hypnotiseurs présents me l’ont assuré : même dans la rue, le pretalk est important, il sert par exemple à donner des consignes à l’inconscient afin que les participants ne tombent pas au sol. Que ce soit en hypnose de spectacle, en hypnose thérapeutique ou ludique, l’hypnose peut être définit comme une « transe perceptuelle ». Le pré talk sert à sculpter la transe à venir, à vous préparer au mieux pour la surprise… La surprise ? L’inconscient doit être surpris pour que ça fonctionne. Quant à la nature de cette surprise, vous vous doutez bien que ce sera à vous de la découvrir !

La synchronisation

Comment parler de pretalk sans évoquer mon formateur à Émergence Claude Virot ? Il avait une présentation radicale de l’hypnose. Une présentation limpide, évidente. « L’hypnose, c’est comme l’orgasme. Avoir un orgasme, c’est se laisser aller. » Une femme qui a un orgasme n’a pas besoin d’avoir confiance dans l’homme avec qui elle a un rapport. Elle n’a pas besoin de l’aimer nous expliquait-il. Je trouve cette analogie assez juste car elle nous permet de comprendre qu’il y a des états modifiés de conscience qu’il n’est pas possible de saisir avec l’intellect d’une part, et que ces états induisent des modifications dans différents systèmes d’autre part. Le pretalk permet de prendre conscience que l’hypnose agit sur notre esprit autant que sur notre corps. Les travaux d’Ernest Rossi montrant l’action de l’hypnose sur l’ADN et son influence sur le génome humain ouvrent même de nouvelles perspectives de recherche. 
Enfin, pour compléter ma vision du pré talk, il faut savoir que je suis un thérapeute anti relaxation. Je considère que dire à quelqu’un « détends-toi, tu iras mieux » c’est de la connerie. Mon travail lors d’un arrêt du tabac consiste à vous amener dans un rythme ultradien (j’explique cela de manière détaillé dans la partie Rossi) afin de changer vos perceptions. J’ai besoin que vous soyez là et bien présent pour ça, pas à rêvasser ou somnoler.
Au cours de mon adolescence et des années qui ont suivies, j’ai pu expérimenter l’hypnose avec des amis en de multiples occasions et pour des sujets très variés. Aujourd’hui, je suis un thérapeute mature, ma pratique s’ancre dans de nombreuses années de pratique. J’ai testé au cours de ma carrière différentes approches thérapeutique (notamment la psychanalyse, pendant vingt ans) et différentes méthodes pour hypnotiser (l’hypnose classique, de rue, ericksonienne, nano-hypnose etc.). J’ai emprunté ici et là tout ce qui me semblait utile. Cela fait plusieurs années maintenant que ma technique d’arrêt du tabac est au point.
Lorsque vous entrez dans le cabinet pour arrêter de fumer grâce à l’hypnose, tout repart de zéro, on s’en fiche que j’ai fait arrêter pleins d’autres gens, c’est vous qui comptez, c’est à vous de vous investir dans la cure.
Cela ne fonctionne que si vous vous mettez au travail !
Dans le pré talk, on utilise aussi des techniques d’induction et de communication hypnotique. J’utilise des choses que vous allez découvrir dans la prochaine partie, sur l’hypnose ericksonienne.