Hypnose et philosophie

Introduction

« Si tu te retrouves devant un problème sans solution, alors inventes-en une ! »
 
l’hypnose …Une manière d’explorer les facultés humaines…
 
En passant de l’être à ce qu’il est en capacité de faire pour s’aider au mieux 
L’hypnose est avant tout un voyage intérieur : une plongée dans l’esprit humain.
 
« Si tu veux changer le monde, commence par toi-même. » Gandhi.
 
Nous sommes alors confronté à une loi subie par l’être: L’hétéronomie, l’influence du “on”.
Mais aussi aux croyances dysfonctionnantes chez l’individu.
Les comportements auto-destructeurs, les difficultés à s’adapter au monde limitent l’esprit (l’être) et figent la personne dans une grille de lecture très figée. Il est alors difficile d’en sortir nécessitant souvent de l’aide extérieure.
Les diverses pensées qui traversent l’esprit humain ainsi que ses croyances sont alors coincées et sclérosées, comme peut l’être un fossile dans une roche sédimentaire.
 
« Tant que l’on est à la recherche des moyens et de la meilleure façon de les mettre en œuvre, on est à distance et on accentue même cette distance. On reste enfermé dans un cercle vicieux, incapable de s’en extraire. Tous les efforts que l’on fait nous y confinent un peu plus, car ils soulignent notre éloignement ». François Roustang.
 
 Toute obstination d’en sortir et d’y échapper est vaine et donc contre productive. Les tentatives de solutions semblent épuisées et les chemins ne sont que des impasses.
 
“On ne doit pas avaler plus de croyances qu’on ne peut en digérer”  
Henry Havelock Ellis, La danse de vie (Croydon, Surrey, 1859-Hintlesham, Suffolk, 1939)
 
“Le plus grand dérèglement de l’esprit, c’est de croire les choses parce qu’on veut qu’elles soient, et non parce qu’on a vu qu’elles sont en effet.”
 
Jacques Bénigne Bossuet ,Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même
 (Dijon 1627-Paris 1704)

Comment interpréter cela ?

Les représentation propres à la conscience l’enchaîneraient-elle ?  
L’hypnotiste thérapeute devrait-il braver la spirale vicieuse des raisonnements et des manoeuvres dans lesquels tourne la personne comme une mouche emprisonnée dans une bouteille toutefois ouverte quelque part ?
Lorsque l’on a affaire à l’hypnose pour la première fois on peut se questionner sur le fait qu’il suffit d’articuler à haute voix des injonctions et d’utiliser des suggestions pour faire rentrer une personne en hypnose et ainsi la changer.
Chosifier l’être humain et le “mécaniciser” par une hypnose faite de suggestions insensées, contraires à la raison en revient à manipuler l’individu et lui administre des suggestions marchandes de la même façon que la “télémorphose” l’utilise.
C’est à dire des suggestions publicitaires accompagnés de discours absurde qui ôte à la personne son intelligence, qui lui enlève sa capacité à penser ou qui, part un discours aliénant manipule son “pouvoir-être”.
Pourquoi l’hypnothérapeute devrait-il poursuivre la méprisance de la pensée consciente et travailler uniquement avec “l’inconscient” comme certains “hypnotiseurs” le préconisent.
La réalisation de l’hypnose ne devrait pas se restreindre à l’exploitation de la suggestibilité.
elle aide plutôt le sujet à rentrer dans un état de conscience.
Un état d’esprit approprié au but recherché de la personne.
 Elle aide à accéder à un raisonnement ascendant de la réflexion et une activité du cerveau admirable qui amène à réaliser quelque chose de fabuleux.
Ce n’est que lorsqu’une personne existe déjà que l’on peut trouver un état de conscience conforme au traitement ou aux plans d’évolution.En résonance avec Roland Barthes, Il est alors possible de mobiliser l’écriture et la parole comme un mystérieux lieu de projection corporelle.
La dialectique, une méthode de discussion, de raisonnement, de questionnement et d’interprétation et son rapport à l’hypnose…
La dialectique particulièrement en philosophie analyse la réalité en confrontant plusieurs opinions thèses souvent contradictoire et cherche à les dépasser.
 “La langue du coeur est mille fois plus variée que celle de l’esprit, et il est impossible de donner les règles de sa dialectique. » Denis Diderot (1713 Langres-1784 Paris)

“Certaines images sont plus fortes que tous les mots et toutes les analyses, elles ne peuvent pas être renversées par la dialectique, elles forment l’argument suprême : l’évidence de la réalité.” Michelle Cotta (1937)<
C’est alors dans l’écho des lettres et des mots, c’est dans la dialectique de la pensée «consciente / inconsciente» que les gens peuvent entendre et percevoir la réalisation du pouvoir de l’existence.Ici, l’hypnose est le levier des pensées qui viennent de rencontrer l’altérité. Il permet au sujet de vivre et de se sentir en l’absence de conscience.
“Les questions les plus importantes qui s’adressent au sentiment comme à l’intelligence, à l’expérience comme à la réflexion, ne doivent se traiter que de vive voix ; et cependant un mot à peine prononcé, n’existe plus pour l’auditeur, si les suivants ne le lui rappellent par l’enchaînement des pensées. Qu’on fasse attention à une conversation du monde : si la parole n’est pas morte lorsqu’elle arrive à l’auditeur, il la tue par les contradictions, les définitions, les restrictions, les observations et les divagations si naturelles dans la conversation. La parole écrite est encore plus maltraitée.”
 Johann Wolfgang von Goethe ( 1749 Francfort -1832 Weimar)

“Toute graine plantée dans le sol de l’esprit prend racine, grandit, et tôt ou tard se transforme en actes porteurs d’occasions et de circonstances.
– James Allen” (1864 à Leicester-1912)
Ce travail a pour objectif d’accompagner l’intention et le projet qui intègrent la libération de l’esprit et ses écarts. Pour ainsi, l’aider à se représenter le monde d’une façon meilleure.
Les dialogues socratiques, à l’ouverture de la conférence sur l’hypnose inductive, dévoileront de fausses connaissances, ne se satisferont pas de rationalité, condamneront l’abus de vérité, et jetteront accidents et particularités derrière l’esprit ou l’intuition.En effet, lorsque l’espace est saturé par les gestes et les déclarations, lorsque nous rencontrons son paradoxe, nous percevons de multiples autres perspectives.
Les philosophes hypnotiques n’utilisent plus un sujet, mais au cœur de la pratique, des conseillers, des positions, des oppositions et des décompositions pour chercher un nouveau regard ou engager des conversations lors d’une aletheia.

Le paysage s’est élargi et ressemble désormais à un panorama

“Les gens ne voient que ce qu’ils sont prêts à voir” -Emerson (1830 Boston-1882 Concord)
 
Par conséquent, la pratique du médecin hypnotique est une réalisation existentielle. L’État est propice au mouvement déplacement. Il a transformé les arguments contraire (l’antithèse) et les a intégrés à la synthèse. L’esprit pense différemment dans un autre état de conscience. Le mouvement est créé à l’infini dans la synthèse et il restaure sa principale capacité à devenir adaptatif. Il n’y a plus de «je», mais un jeu d’idées, entre les pensées.
Les fragments des croyances « dysfonctionnelles » se désintègrent et sont retirés en mettant à la place en oeuvre du mouvement et des exercices de potentiel. L’esprit n’est plus déconnecté des gestes, il est devenu le corps principal des lettres, fabuleux, compliqué, mystérieux, début et fin, choix, de l’esprit,clé et porte.
 
« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent » Albert Einstein (1879 Wurtemberg- 1955 Princeton) 

Au début … Arkhê Et l’hypnose

l’Arkhè, ce principe philosophique faisant allusion au commencement du monde et du cosmos. Ce qui commence mais également ce qui commande.
Dans ce vide d’existence, la principale capacité de cette résilience est « réactivée » et continue d’exister dans chaque ensemble d’existence. L’analogie du philosophe Giorgio Agamben sur l’origine des humains et le Big Bang, qui provient de la «puissance permanente qui continue de fonctionner» et continue de diffuser son rayonnement fossile, est un exemple typique de ce phénomène . nature humaine. Les êtres humains (anthropogenèse visant à transformer de manière progressive les primates en êtres humains) qui sont des animaux sont des événements qui devraient se produire et ne s’arrêteront pas une fois pour toutes: l’homme est toujours en train de devenir humains.
“La méditation est l’art majeur de l’être humain.” 
-Jiddu Krishnamurti (1895 Inde-1986 Californie)
 
Ici, considérant le devenir, changement, l’hypnose n’est plus seulement un exercice; de ce point de vue, elle s’inscrit davantage dans cette ouverture au changement et à l’évolution. Les différents états de conscience que nous vivons tout au long de la journée et de la vie définissent notre potentiel et nos capacités; dans la foudre du hapax existentiel, lors de la découverte de nouvelles idées scientifiques, dans le processus d’analgésie spontanée. Les changements d’accompagnement dans l’état de conscience des pratiquants ne font plus partie d’une discipline académique , mais plutôt d’une manière de rencontrer un événement qui révèle un avènement et continue de se produire dans cette grande explosion de rayonnement fossile. L’explosion qui provoque la création du moi : un big bang de l’être.
 
« L’éducation n’est, en somme, que l’art de révéler à l’être humain le sens intime qui doit gouverner ses actes, préparer l’emploi de ses énergies et lui communiquer le goût et la force de vivre pleinement. » 
-Henry Bordeaux (1870 Thonon-les-Bains- 1963 Paris.)

L’hypnose d’antan, l’hypnose du présent : le langage, faculté au service de l’homme.

Le langage est le fard de la pensée, mais sous ce fard la réalité se fait jour dans les paroles que la surprise arrache, ou qui échappent dans le trouble. Frédéric Ozanam ; Les deux chanceliers d’Angleterre (1836)
Le rayonnement de l’avenir est-il choisi par le destin ou bien se choisit-il dans les diverses dispositions ? Qu’en est-il de la subjectivité des possibles ?  
 
« Tout jugement, dans la mesure où il est jugement, est l’expression d’une subjectivité qui opère un découpage arbitraire dans le réel, en sorte que nous ne recevons de la réalité que ce que nous y avons-nous-mêmes déposé ». Dans le Tchouang Tseu de Jean-François Billeter,
Le sage ne condamne pas la langue, il nous demande seulement de ne pas nous laisser berner par sa catégorie. Mais le langage est toujours le seul moyen de communication entre les gens, et ce n’est que lorsqu’il devient intonation avec le langage qu’il peut soutenir un comportement thérapeutique. La langue ouvre le monde de l’existence et donc de l’être.
C’est un chemin qui nous conduit vers le fond de l’être, l’aidant ainsi à exprimer ses ressentis;sentiments enfouis.
 
Le rôle principal du médecin exerçant est d’entretenir alors un rapport juste avec le langage :
“ Le langage, au sens propre, est une fonction d’un instrument comme tel. Chaque instrument exprime et imprime l’idée de celui qui le dirige. Novalis ; Les semences (1798)
il ne succombe pas au prestige des mots et l’hypothèse de spectacle qui n’a pas sa place . Le langage donné doit être une parole à dévoiler.
Le parler de soi est un mot accompagné de révélation. Il permet aux ombres déjà existantes de sortir des ombres pour éclairer le corps du patient.
Selon le Tchouang Tseu de Jean François Billeter, s’il n’y a pas de « choses » en finalité,il n’y a de « choses » que par l’effet du langage, cependant langage remplit une fonction capitale : c’est lui qui crée le semblant de réalité organisée dont nous avons besoin pour nous entendre et coopérer à nous-même et au monde.
 
“ Le langage est l’essence de la conscience.”
-Marie de Solemne ; Entre désir et renoncement (1999)

Recommandation : hypnose et thérapie

« Il y a autant de théories, psychologiques, psychiatriques, psychopathologiques que d’interprétations de l’homme, dont une seul est vraie, celle qui n’est pas une interprétation : celle qui ouvre pour comprendre l’existence les mêmes voies que l’homme pour exister. » Henry Maldiney (1912 Meursault , Côte-d’Or- 2013 Montverdun)
Sans aucun doute, sous l’influence d’un trop grand positivisme, couplé au dérangeant, il est impossible de mettre l’hypnotisme sous contrôle théorique rassurant, cela a été arbitrairement déclassé dans la catégorie technologique. Ce n’est rien de plus qu’un hébétement.
S’il existe des techniques qui peuvent créer une illusion et apporter un contour rassurant à la soi-disant définition de l’hypnose, alors l’hypnose ne consiste pas en cela. Le pouvoir de l’hypnose est précisément focalisé sur la plasticité posturale dont elle a besoin et ne peut pas être transformée en une équation.
 
Le mot clé principal de l’hypnose serait: l ‘adaptation.
Il faut en effet, sans cesse s’adapter d’un point de vu communicationnelle et relationnelle afin d’accompagner au mieux l‘individu vers la maÏeutique de Socrate. Un accouchement de nos pensées et idées. 
 
La thérapie par l’hypnose permet d’améliorer son existence ou soulager sa conscience à travers diverses techniques.
 
Concernant l’hypnose, plus précisément, nous suggérons de passer d’un état de conscience à un autre, surtout avec cet état de conscience, il est plus facile d’envisager le processus en termes d’étapes et de stratégies
. Ceci est un exemple de processus très apparenté proposé par Jean-Marc Benhaiem et François Roustang (Hypnosis or Healing Gate, Jean Marc Bay Dr Naheim et François 
Roustang, Odile Jacobs, octobre 2012) .
 
 
 
La phase 1. Le patient devient attentif et incapable de vivre pleinement son existence à cause des symptômes.
 
“L’épisode hypnotique, dit-on, est ordinairement précédé d’un état crépusculaire: le sujet est en quelque sorte vide, disponible, offert sans le savoir au rapt qui va le surprendre. d’un discours amoureux (1977) de Roland Barthes
 
Phase 2. La première étape de l’hypnose consiste à la défocaliser en l’éloignant de la conscience restreinte (en incitant la pratique à lui redonner une conscience générale). Dans ces exercices, il est recommandé de se concentrer sur la perception des images, des sons, des actions, etc. qui peuvent être sélectionnés ou apparaître les uns après les autres. Le patient a commencé à ignorer toutes les autres perceptions. C’est la concentration sur une perception à la fois qui permet la dissociation.
 
Phase 3. C’est l’étape de la dissociation, mais dans quel but? Nous nous séparons de la perception de la vie quotidienne, qui s’investit dans une autre perception, que François Roustang appelle «perception»: à ce stade, l’individu s’égare pour changer il efface ses Propres certitudes afin de les révolutionner.
 
Étape 4: Cette étape est la perception, le mouvement, la flexibilité et l’ouverture. Après avoir risqué une perte de contrôle, le patient entre dans un sentiment de perception et de sensation plus raffiné.
 
L’hypnose est fondamentalement un état de conscience différent. L’hypnose n’est-elle pas un moyen royal d’accompagner les gens dans un état de conscience plus adapté, donc vers un état mental plus adapté à leur propre survie? Comme nous le savons tous, la thérapie par l’hypnose fait partie de cette thérapie mécanique et de cette vision « philosophique ». La thérapie par l’hypnose ne peut pas guérir directement ni dans l’immédiat, elle ne peut offrir aux gens que la possibilité de reprendre du pouvoir.
 
Cependant, Il ne s’agit pas de nier la réalité physique et mentale, nous savons que l’efficacité de l’hypnose dans ce domaine est impressionnante. Les conséquences d’un travail de manœuvre conscient et inconscient peuvent indiquer que l’hypnose «guérie» au sens médical, ce qui permet au conseiller d’accompagnement de se diriger vers «soi». Il échappe au cycle et peut transmettre l’origine spirituelle du corps. Si le cercle symptomatique figé, s’est dissous en tant qu’effet « indirect » de « l’auto-adaptation », alors l’influence du cerveau sur le corps humain fonctionne bel et bien.
 
Aujourd’hui, si nous ne sommes pas médecins ou psychothérapeutes, pouvons-nous utiliser le terme traitement hypnotique c’est à dire la psychothérapie ? Compte tenu de l’usage moderne et de la signification du mot, ce terme devrait-il être remplacé par un autre? Il serait peut-être préférable de parler d’hypnose existentielle ou d’hypnose ontologique, même comme Oscar Brenifier, comme Socrate de ce siècle qui proposait «consultation philosophique», «hypnose philosophique» ou «hypnose maïeutique” . ?
Voir l’article : Psychanalyse et hypnose 
« L’être-là s’expose à lui-même sous un autre horizon. Cet horizon n’est pas le côté tourné vers nous des choses. Il est l’horizon du hors d’attente d’où tout arrive, et tel qu’à l’exister nous nous arrivons nous-mêmes. » Henry Maldiney
 
 
 
sources : institut noesis